CHAMBRE 69 Mai 1996

Peintre, graphiste, associée à Costes pour des happenings étonnants, Anne Van der Linden est la fille qui pète et qui rote de la même couleur.

Chambre 69 : Anne Van der Linden, peux-tu te présenter en quelques mots? 
Anne : Dans mon salon tout maculé, je prends plaisir à peindre des grandes scènes porno-social-grotesques, à l'huile sur toile. Bientôt, j'en ferai des petites car c'est plus facile à vendre. J'expose ces produits depuis 1991, à Paris, en banlieue, en province et à l'étranger, plutôt dans des galeries et des lieux "marginaux". Je travaille aussi pour l'édition. Il y a bien longtemps, j'éditais avec Costes une revue appelée "La vache bigarrée", un collectif de dessins et textes imprimés au stencil à l'alcool ( procédé des écoles). C'était étrange et dégoulinant- très bien. En ce moment, je fais des dessins pour des revues sérigraphiées (CEBO, OBCN de P. Huger), J'ai sorti un livret de dessins en sérigraphie chez Monotrash avec un texte de Costes, j'en sors un autre à la rentrée appelé "Livrées aux chiens", avec 3 textes de filles. Jean-Pierre Faur m'a édité un livret en offset de mes peintures, "Heavy Meat", en Mars 1995. 

Chambre 69 : On est très curieux de connaître tes sources d'inspiration pour la peinture. 
Anne : Quand j'étais petite, ma mère qui avait eu une drôle d'enfance, nous tabassait pas mal et ma grande soeur me tabassait aussi, et mon père qui tenait les cordons de la bourse, boudait. Tout ça mettait en péril ma confiance dans le monde. Alors j'inventais des systèmes palliatifs et autonomes, en organisant des jeux de cul cruel entre mes poupées. Il doit rester un peu de ça dans mes peintures, et aussi des souvenirs d'un livre sur la mythologie grecque qu'on m'avait refilé en primaire et que j'adorais...et bien d'autres choses. 

Chambre 69 : La violence et le sexe sont omniprésents dans tes tableaux, tu ne penses qu'à ça? 
Anne : J'ai un peu expliqué ça dans ma réponse à la question précédenre. En fait, je trouve les comportements humains souvent obscurs et répugnants. Ca me panique et je cherche un moyen de maîtriser ça. Sous l'angle du sexe et de la violence (les deux grosses motivations de base), les choses me paraîssent s'éclaircir un peu, gagner du sens. 

Chambre 69 : Aurais-tu aimé être un mec? 
Anne : Euh! je trouve les hommes merveilleux avec leur truc amovible entre les jambes. Si j'avais été un mec, j'aurais sûrement été pédé. Mais en fait, si une fée me faisait une proposition, j'opterais pour l'androgynie: la totale, avoir les seins et la bite, les poils sur la poitrine et les bas résille, les couilles et la chatte, etc...Ca serait divin.