Journal de Saint-Denis Octobre 1995
Elle mit la force dans ses épaules et dans ses genoux; elle jeta dans sa poitrine la hardiesse de la mouche qui, si vivement que l'homme la chasse de sa peau, s'attache à le piquer, car elle aime le sang humain

"Dirty Anne" et la provocation : Dans ce quartier tranquille, entre canal et porte de Paris, trois anciennes boutiques, on été converties en ateliers. Dans l'une d'elles, travaille Anne Van der Linden. Dirty Anne ("sale Anne") comme la surnomme sa voisine australienne June Shenfield.

Ce surnom remonte à dix ans, quand la fondatrice de l'ex galerie Cannibal Pierce, qui est aussi poète, découvrait son travail : Des toiles "abstraites, noires et sales" :
Lesquelles auraient sans doute moins choqué le tout venant des spectateurs que les toiles figuratives qu'elles réalise à présent. Mais qu'elle vend aussi, quand elle peut les exposer.

"J'ai beaucoup de détracteurs, et quelques fans". Et ceux là n'apprécient pas uniquement son goût de la provocation à représenter des pénis turgescents dans l'abondance de chairs féminines écartelées, meurtries, le sexe béant. Il y a surtout cette étonnante liberté qu'elle s'autorise pour explorer ses fantasmes, sur un mode à la fois abrupt et symbolique.

Elle se réfère aux thèmes de la mythologie. S'inspire de gravures anciennes. Et, comme on pu le faire les surréalistes, travaille par associations d'images, pour mettre au jour ce qui s'exerce plus volontiers dans la sexualité, et contre le corps de la femme : une violence obscure et taboue



J'ai toujours aimé écouter et dire des histoires extra-ordinaires, fabriquées avec des langages extra-ordinaires.
Au début, je voulais danser - plus tard est venue la peinture, c'est une pratique qui me plaît car elle me permet d'être seule maîtresse à bord.
Oui, le baroque m'intéresse - un style qui exprimerait par le moyen des formes et des idées en mouvement la continuité du monde.
Et je voudrais que mes images mettent ça en évidence aussi.