Mai 1995

En ouvrant le livre qui leur est consacré, il est difficile d’imaginer que ces scènes gueulantes, aux couleurs criardes, gênantes dans leur crudité morbide, soient le fait d’une femme, qui plus est peintre venue de l’abstraction.

Anne Van der Linden est une artiste de la gêne. En effet , la violence latente de ses visions met immédiatement le spectateur en contact avec ce que l’inconscient peut avoir de plus profondément refoulé. Ceci est d’autant plus patent que rien ne facilite la lecture; le fouillis, le magma de matière qui épouse une forme de sécrétion quasiment biologique noient les détails, la composition semble partir dans tous les sens et les dominantes chromatiques sont inélégantes jusqu’aux hurlements. Comme dans un genre de test psychologique, c’est le regard qui détecte alors ce qu’il veut retenir. Parfois même, il oublie des éléments trop insupportables, voire en invente d’autres.

La peinture d’Anne Van der Linden est abstraite en ce que ce n’est pas elle qui compose la scène pornographique que l’on peut détecter, mais chacun qui redonne à ce chaudron monstrueux le sens qui lui convient.

Petite torture (1993) Toutes les adresses SM A 4 pattes (1992)